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  ou d'élever... mais pas les enfants, car ils ne nous attendent pas pour s'élever (je veux dire grimper... et c'est d'ailleurs pour ça qu'on s'occupe de les élever à ne pas grimper tout le temps et partout (mea culpa, il reste du travail...))

   Bref, pour lever les poutres, voici une grue fabrication maison :

  La photo n'est pas une réussite car on ne voit ni treuil, ni poulie... (Reste un enfant à élever qui grimpe)

  Vous comprendrez mieux quand la grue sera sur le chantier.

  Et pour nous élever, quand nous serons dans la maison : l'escalier!

    Dessiné à l'échelle 1, sur du contre-plaqué au sol, sans esquisse préalable, avec des calculs que Luc trouve simples mais que je ne saurais vous décrire...

  Recherche du balancement des marches par la méthode des lattes.

Recherche de la courbe du limon par l'utilisation d'une règle souple.

.... Nous étions en visite à Cossé en Champagne, chez Luc Châtelus...

   Les fondations sont belles... vraiment... Nous aimons aller les voir, les montrer comme ça, pour rien, pour le plaisir...

  Et je me sentirais comme une tigresse ou une femelle rapace qui aurait une progéniture à protéger, prête à donner des coups de griffes ou de serres à quiconque risquerait de les abîmer.

D'ailleurs, ce temps dont elles ont besoin pour sécher, je sens que j'en ai besoin autant qu'elles pour accepter l'idée qu'elles vont être percées. Car elles vont être percées pour accueillir le bois de l'ossature.

  Et d'y penser me rappelle la terre qui était là. Terre qui depuis (depuis quand?) n'a fait que nourrir hommes et bêtes...

Terre que la pelleteuse est venue creuser pour que justement les fondations y soient montées...

   En d'autres temps, en d'autres lieux des hommes l'aurait sans doute honorée, remerciée d'accueillir un foyer.

Combien sont dérisoires nos propres gestes quand nous nous contentons d'aller chez un notaire et de nous croire propriétaires et quand les autorisations que nous demandons sont faites aux institutions.

   Il y avait la Terre; et pour qu'il y ait les fondations, il a fallu la creuser (nous avons eu de la chance, nous n'avons pas eu d'arbre à déraciner!).

Aujourd'hui, il y a les fondations toutes neuves. Et pour que la maison continue à monter, il faudra les percer. Pour chaque nouvelle étape, il doit y avoir un minimum de transformation de ce qui est. Une mue.

  (....) Une nuit passe.

  Je pense au bois et aux arbres donc... Et aux pierres, à la carrière.... au paysages modifiés... La prise de conscience peut être vertigineuse; mais bienfaisante s'il s'agit d'honorer et de remercier.

  Là, vous êtes peut-être un peu déçu tout de même : alors que le post s'appelle "calendrier", je n'ai même pas répondu à la question : "Mais quand allez vous vous y installer?"

    Tristesse et colère... Les enfants vivent avec une mère acariâtre. Pourtant, ils n'y sont pour rien. En espérant que mettre au clair ce qui se passe en moi me permettra de changer d'humeur.

    Quoi à voir avec la maison? Je pense que l'intensité des journées passées à participer aux fondations sur le chantier ou à s'initier au travail du bois à la main m'interroge sur le quotidien retrouvé.

   Pierre-Yves qui nous a initié à la menuiserie a évoqué à deux trois reprises des choses qu'il avait faites avec ses grands-parents (mettre trop d'eau sur la pierre à meuler pour que la robe de la grand-mère soit arrosée; pousser le harpon très fort en sciant avec le grand-père pour rivaliser ....) Donc, enfant, Pierre-Yves participait aux actes utiles de la vie (et s'en amusait...)

    Et nous, nous avons offert des jouets à nos enfants.  Depuis qu'ils sont nés, nous n'avons pas vraiment d'autre ambition pour eux que leur permettre de jouer (et apprendre le savoir scolaire...) se déguiser et faire semblant, construire en légos, jouer à la poupée... mais en même temps, autorisés à rien "pour de vrai" ...

 Ils ont droit à un carré dans le jardin mais ne sauraient pas faire naître de la terre un seul repas (normal, moi-même j'en suis incapable!) Ils ont le droit de faire un gâteau de temps en temps, mais pour la préparation quotidienne des repas, je suis trop pressée...

   Encore merci aux Maçons d'Antan d'avoir acccueilli Hippolyte, Esther et Loup sur le chantier!...Je suis vraiment contente qu'ils voient et vivent comment se construit une maison.

    Je fais table rase de la "salle de jeux" (endroit inqualifiable où il est impossible de mettre les pieds); je veux vraiment y mettre un établi.

   Impression qu'il y a là quelquechose à saisir, maintenant, pour ne pas continuer à rêver et consommer la vie... Impression que mes mains réclament ... (autre chose que ce clavier d'ordinateur) et envie que les centimètres représentent vraiment quelquechose pour les enfants, envie qu'ils touchent le bois...

     "ça me remue" de faire ou faire faire une maison...

    Je partage ici des pensées qui ne sont que très personnelles et souhaite à ceux qui ne les partagent pas de les oublier plus vite que moi!

Voici donc le chantier pour quelques semaines, en attendant que le mortier sèche avant d'accueillir la lisse basse :

   Nous aimons y être!

Le terrassement, les fondations, le soubassement, l'arase...

   Et voilà, c'est terminé! Alors, un grand merci à ceux qui auront mis un peu d'eux-même dans ces fondations : à remplir, porter des seaux, trier, porter des pierres, scier, clouter, pelleter, mesurer, compter, brouetter, malaxer, verser, bancher....

Merci à Raphaëlle qui est passée avec Mathieu et qui a posé des pierres, merci à Pascal qui a parfois été le premier et parfois le dernier sur le chantier, merci à Teddy qui a enduré la brûlure du soleil sans se plaindre et sans changer de rythme, merci à Jean-Christophe qui a dû faire face à quelques inquiétudes du client-maître d'oeuvre et merci à Marcel, qui en plus de la main de maître pour les finitions s'est dévoué pour faire des kilomètres quand la chaux a manqué...

Et merci surtout pour l'ambiance sur le chantier, concentrée et sérieuse mais sereine...

Merci aussi à Hippolyte, Esther et Loup qui ont patienté et parfois porté des cailloux.

Et bien moi, je devrais être vraiment contente que ce soit terminé puisque les choses vont suivre leur cours; mais ce soir, j'ai le cafard. Sans doute que j'ai trop aimé être là, sur le chantier et mettre la main à la pâte...

Le cellier, avec un mur arrondi...